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… 9 janvier 2015, cette date à jamais gravée dans nos mémoires…

... 9 janvier 2015, cette date à jamais gravée dans nos mémoires...

Bien sonnée par les événements des deux premiers jours, je ne pouvais m’empêcher de penser aux victimes de Charlie Hebdo, de Montrouge… à ces actes d’extrême violence qui venaient d’avoir lieu… Et puis j’ai découvert la prise d’otage de Dammartin sur mon smartphone. J’étais au bureau mais je ne pouvais m’empêcher de consulter régulièrement l’actualité pour savoir comment cela se passait…
Je n’avais pas la tête au travail… D’ailleurs, je n’étais pas vraiment là. Pour couronner le tout, j’avais de la fièvre… Une angine visiblement… Si peu de chose finalement…

A 13h, j’ai quitté le bureau pour m’acheter de quoi manger.

Je n’avais pas prévu mon Bento comme d’habitude. J’ai traversé la rue de Paris, celle qui mène à la Porte de Vincennes pour rentrer au bureau. Et là, la folie : des voitures de Police… 1,2,3….6 ou 7 peut-être… sirènes hurlantes… Les voitures étaient blindées de policiers et ils semblaient extrêmement pressés. Je ne sais pas si mon imagination m’a joué des tours ou si c’était réel mais il planait dans l’air comme une odeur de poudre, comme si quelqu’un avait fait sauter des pétards. A ce moment là, j’étais loin d’imaginer ce qu’il se passait. Les commerçants sortis de leurs boutiques, se précipitent à l’intérieur. L’un d’eux hurle même à son collègue : « il y a eu une fusillade Porte de Vincennes, rentre vite, j’ai pas envie qu’on s’en prenne une ! »…

Mon sang se glace. Mon pas se presse. J’évite le grand axe, préférant les petites rues, pour rejoindre l’enceinte du bâtiment dans lequel je travaille. Là, tout semble calme… en apparence. Dans les couloirs, j’entends les collègues d’autres services recenser les agents pour voir s’il en manque.
Horrifiée, j’entends déjà les hélicoptères survoler la zone, passant parfois au dessus de notre bâtiment. Avec les collègues, on regarde les infos sur le net. Le réseau pédale dans la semoule. On ne doit pas être les seuls. On lit : « fusillade Porte de Vincennes ». On situe le lieu, le magasin…

Un dispositif de sécurité se met en place.

Nous ne pouvons visiblement plus sortir. La RATP annonce la fermeture de deux stations de métro : Saint Mandé et Porte de Vincennes.
Rapidement ce sont les écoles qui annoncent le confinement des enfants dans les établissements scolaires avec interdiction de sortie avant nouvel ordre.
L’école d’Emma en fait partie. Cela me rassure de la savoir en sécurité. Mais je ne peux m’empêcher d’avoir peur, d’imaginer des scènes horribles. J’ai peur pour mes filles, pour mon chéri… Peur de les abandonner aussi… Je veux les voir grandir, évoluer,… Je pense aux otages, à ceux qui ont déjà perdu la vie.

Mon téléphone sonne… Il va passer une bonne partie de l’après-midi à sonner.

Je prends des allures de standard téléphonique. Je réponds à ma mère, à ma belle-mère, à mon amie dont les parents vivent en face d’Hyper Casher, ce magasin qu’ils fréquentent régulièrement, à ma PetiteLati, à mon frère… Je réponds à de nombreux sms, de ma soeur, d’amis,… Cela me permet de moins angoisser, de parler et d’évacuer un peu ma peur. Je me sens entourée. Pourtant j’ai toujours peur. J’ai hâte que tout cela se termine.

16h30, les écoles (à l’exception de 4 situées dans le secteur de la prise d’otage) sont de nouveaux accessibles.

Je quitte le bureau prématurément pour récupérer Emma au plus vite. Je ne peux imaginer la laisser loin de moi plus longtemps.
17h05, nous sommes toutes les deux à la maison. J’attends le retour de mon Homme et de Léna avec impatience. Emma me parle. Je lui réponds des trucs tordus, parfois je suis complètement à côté de la plaque. Mes pensées ne sont pas là, elles sont Porte de Vincennes, dans le métro, et partout où pourraient se trouver ma Léna et mon chéri.

Et puis j’apprends la nouvelle.

La prise d’otage de Dammartin est terminée… Les deux frères sont, semble-t-il, morts… Le sort du forcené de la porte de Vincennes semble être identique. Voilà, c’est fini… Tout du moins pour l’instant. La pression retombe mais je ne suis pas complément rassurée. J’attends toujours leur retour.
Quand ils rentrent enfin, la pression retombe encore d’un niveau.

Mais je ne suis pas bien. D’ailleurs j’ai de la fièvre…. Ce que j’estime être une angine sans doute.
J’appelle mon médecin que je devais voir l’après midi même…. Porte de Vincennes… et qui avait annulé ses rendez-vous bien sûr…

Elle peut me recevoir. De toute façon, elle n’a plus de rendez-vous à honorer.

Le soir, quand je suis rentrée, j’ai ressassé tout ça, encore et encore. Mille questions fusaient dans ma tête…. et elles fusent encore.

Il y a assurément un avant et un après…

Aujourd’hui, j’ai peur (je ne peux pas m’en empêcher)… Plus que jamais. J’étais déjà du genre flippé avant… Des scènes comme celles-ci, j’en ai imaginé des centaines peut-être… tant je n’ai pas confiance en ce monde dans lequel nous vivons, tant l’homme me fait peur.

Je ne comprends pas ces actes de barbarie, je ne comprends pas cette méchanceté, je ne comprends pas cette violence, je ne comprends pas cet acharnement, je ne comprends pas ce mal qui les habite… Je ne comprends pas comment on peut vouloir faire autant de mal au nom d’une conviction.
Les Hommes, certains tout du moins, sont des malades. En ce 9 janvier, 3 d’entre eux ont été maîtrisés, par la mort… Mais combien d’autres faudra-t-il combattre encore ?

Et moi, face à tout ça, je me sens si faible… d’autant plus faible qu’autour de moi tout le monde semble faire face, relever la tête. Moi, je n’y arrive pas. Je suis comme profondément blessée alors même que je n’ai pas été directement touchée par ces événement.

Suis-je vraiment la seule à ressentir cette peur, à me sentir si peu de chose face à ce qui nous attend peut-être ?

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