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Peut-on offrir une poupée à un petit garçon pour Noël ?

 

Imaginez, vous êtes parent d’un petit garçon (c’est d’ailleurs peut-être le cas). Sous le sapin, le jour de Noël, il découvre un étrange paquet marqué de son prénom. Le paquet en lui-même n’a rien de très étranger en fait mais son contenu peut surprendre.
Le papier arraché par les petites mains de votre enfant laisse apparaître une boîte en carton toute décorée de rose. Au centre du couvercle est aménagé une vitrine. Derrière, une poupée vous sourit tandis que votre bout de chou s’extasie et hurle de joie.
Cette scène pourrait choquer certain(e)s, en étonner d’autres, ou n’engendrer aucune réaction.

Offrir une jouet « de fille » à un garçon, est-ce un crime ?
Les catalogues de jouets , les sites spécialisés dans les jeux d’enfant, tendent toujours à séparer les jeux dédiés aux filles et les jeux crées pour les garçons. D’un côté, les petits voitures et robots se font la guerre tandis que de l’autre poupées et accessoires de cuisine se font concurrence.
Les petits garçons sont donc voués à bricoler avec leur mini établi et leur petits marteaux pendant que les petites filles font la cuisine « pour de faux » devant des fourneaux montés à leur taille.

Pour autant, je m’interroge.
Je garde des souvenirs de jeux d’enfant très agréables. Je porte en moi le plaisir que je ressentais à faire rouler des petites voitures dans un garage à étages que mon papa nous avait ramené un jour. Je me revois faisant cheminer ma petite voiture dans les chemins aménagés dans le jouet.
Plus tard, je me suis tournée vers les fameuses poupées mannequin, comme Barbie. Mon frère, qui avait 5 ans de moins que moi, s’est mis à vouloir jouer avec ma soeur et moi à la poupée. Je me souviens qu’il avait demandé un Ken (un « Barbichon » comme on disait ma soeur et moi) au Père-Noël qu’il avait d’ailleurs trouvé sous le sapin. Il était chic son Ken ! Tellement chic que ma soeur et moi nous étions débrouillées pour lui chiper et de l’échanger contre un autre Ken plus ancien qui perdait la tête.
Mon frère jouait donc avec nous à la Barbie.

Malgré nos infidélités aux jeux dédiés à notre sexe, nous nous en sommes très bien sortis dans la vie. Nous avons chacun trouvé un partenaire, nous avons chacun fondé notre foyer… Nous avons trouvé un travail, bref nous avons réussi à construire nos vies.
Alors pourquoi cette cission ? Pourquoi nous évertuons nous à qualifier certains jeux de féminin ou de masculin ? Est-ce le reflet de la crainte d’une homosexualité future (serait-elle si « dramatique » d’ailleurs ?) ? Est-ce simplement la représentation de nos visions quelque peu archaïques qui n’ont pas eu le temps ou l’idée d’évoluer ?
Alors que les jeux de cuisine sont liés aux petites filles, je constate cependant que ce sont plus souvent les hommes, donc adultes, qui se mettent derrière les fourneaux. Je pense particulièrement aux grands chefs étoilés qui sont rarement des femmes.
On constate également aujourd’hui une plus large proportion de papas maternant leurs enfants pendant que maman travaille ou simplement au quotidien. Pourquoi devrions-nous donc « interdire » aux petits garçons de jouer à la poupée ?

Notre société continue d’alimenter le stéréotype de la maman au foyer et de papa qui travaille. Pourtant elle a évolué mais les jeux ne semblent pas avoir suivi le mouvement. Au final, notre société semble être restée très macho et, à l’ancienne, elle continue de véhiculer l’idée selon laquelle la femme a sa place au foyer et l’homme au travail…
Et je crois que nous ne sommes pas prêts, nous, parents, à contrer cette vision de la famille que l’on nous impose. Quel parent osera offrir au fils d’un ami une poupée ou un joli camion à la fille de ce dernier sans craindre de sa réaction ?

Et vous, comment réagiriez-vous si quelqu’un offrait à votre enfant un jeu destiné à l’autre sexe ?
Vous imagineriez vous offrir « un jeu de garçon » à votre fille ou « un jeu de fille » à votre fils ?

 

 


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