Même quand on est en couple et que l’on devient maman, il faut bien le dire : c’est toujours agréable de recevoir des compliments. Ça réchauffe le cœur et ça rassure. En général, ils laissent des traces de leurs joyeux passages sur un visage de la flattée…
Parfois, c’est différent…
Il y a un peu plus d’une semaine, épuisée par une journée de travail intensive, je venais de récupérer Minipuce à la crèche quand nous nous sommes assises sur une petite banquette du métro. Au bout de la banquette, il restait une petite place, assez suffisante pour qu’une autre personne puisse s’asseoir. Un homme, debout, semblait chercher une place. Je lui ai proposé de s’asseoir. Mon invitation n’avait d’autre but que de lui permettre de se reposer. Je n’envisageais nullement de partager une conversation avec lui. Pourtant, il s’est mis à me parler. Un peu gênée par son intérêt (et un peu sourde aussi… je suis un peu sourde dans les lieux publics..), je lui ai répondu timidement. Il me parlait de Minipuce, la trouvant jolie, demandant son âge, cherchant son attention, la complimentant pour me complimenter indirectement… J’étais bien heureuse d’arriver à mon terminus pour rompre le cours de cette conversation gênée.
Nous sommes descendues du métro et nous avons vu le train s’enfuir, emportant avec lui cet homme.
Mon dos me faisait souffrir. J’ai demandé à Minipuce de marcher plutôt que d’espérer me voir la porter comme souvent. Nous marchions donc sur le trottoir qui devait nous conduire jusqu’à la porte de notre immeuble quand un homme s’est arrêté à notre hauteur : l’homme du métro !
Il étais descendu à la station de métro suivante pour prendre le train dans l’autre sens pour retrouver ma trace. Il m’aborde… je ne suis pas tranquille… Pourquoi faire demi-tour pour retrouver une inconnue ? Cela ne se fait pas… Si ? Non ?
Il reprends la conversation laissée dans le train :
Lui : – J’ai une question qui me trotte dans la tête depuis tout à l’heure
Moi : – Oui, heu… laquelle ?
Lui : – Vous accepteriez de venir boire un café avec moi ?
Moi : – Heu… Non, désolée…
Lui : – Allez, juste un petit café !
Moi : – Non, ça ne m’intéresse pas
Lui : – On est pas obligé de boire un café, on peut faire autre chose…
Moi : – Oui… mais… je ne suis pas intéressée
Lui : – Mais si, c’est pas possible, il faut qu’on se revoit !
Moi : – Mais, vous ne voyez pas ? Je suis maman… et puis je suis mariée…
Lui : – Ah… mais ça, je m’en fiche, c’est pas grave, c’est ton problème (d’où il me tutoie d’un coup ??!)
Moi : – Heu… oui… mais non… je suis heureuse avec mon mari et je n’ai pas envie de voir ailleurs… et puis de toute façon, je ne suis pas intéressée.
Je prends Minipuce dans mes bras, espérant marcher plus vite… Mon mal de dos n’est pas si important que ça finalement…
Il me suit, me supplie… mes paroles continuent de lutter pour le repousser.
Il veut mon numéro de téléphone, mon adresse mail… M’explique qu’il ne peut en être autrement, que nous devons nous revoir…
Je m’excuse (toujours trop gentille) et je lui dis « Au revoir » (« A jamais » oui…) Je m’échappe enfin…
Tout d’un coup, je réalise que j’ai perdu mon foulard… Je regarde derrière moi, il l’a dans les mains et se rapproche de moi pour me le tendre…
Il me dit que c’est le destin, que je devais perdre ce foulard pour accepter son invitation. Je refuse encore. Je suis devant la porte de mon immeuble… J’hésite à entrer… Si j’entre, il saura que je vis ici… Mais si je reste dehors, il ne me lâchera pas… Finalement, je rentre : j’ai envie d’en finir au plus vite… et je regrette. Si jamais il revenait ?
Il me lance un « ne t’inquiète pas, on se reverra ! »… je flippe… Mon cœur bat à tout rompre…
J’aime les compliments que l’on me fait parfois dans la rue sans que je ne demande quoi que ce soit (quoi qu’à présent, ils sont beaucoup pl
us orientés vers Minipuce que vers moi et sont tout aussi agréables)… mais ce type de comportement me fait peur… Cette insistance… cette façon de suivre une femme dans la rue… Cet homme m’a fait peur car, au delà de ma sécurité, il met en cause surtout celle de ma fille. Si j’avais dû me défendre, comment aurais-je fait avec Minipuce dans les bras ? Comment nous serions nous sorties de ce pétrin ?
Et s’il s’était attaqué à elle, qu’aurais-je pu faire ? Je sais que pour elle, je ferais n’importe quoi mais cela ne m’empêche pas d’avoir peur…
Si cet homme avait été violent… je n’ose pas imaginer ce qu’il peut arriver.
Cette rencontre m’a particulièrement bouleversée, réalisant que le monde peut être vraiment dangereux… me rappelant du même coup ma peur de perdre ma fille ou qu’il lui arrive quelque chose. Elle est « mon bien » le plus précieux.
L’Homme envisage de m’acheter une bombe lacrymogène… au cas où…
Et vous, avez-vous déjà rencontré telle situation ? Quelle fut votre réaction ?
