Depuis 40 ans, le Secteur Français des Aliments de l’Enfance (SFAE) étudie les habitudes alimentaires et pratiques de consommation des 0-3 ans. Elle offre également une vision globale des apports nutritionnels des enfants en bas-âge et se présente comme un thermomètre des tendances alimentaires des tout-petits. Tous les 8 ans, il publie l’étude Nutri-bébé dont les derniers résultats ont été dévoilés en fin d’année 2022.

Contexte de l’étude Nutri-bébé
La dernière enquête Nutri-bébé a été menée entre le 10 mars et le 20 juillet 2022. Ses résultats sont basés sur l’observation des habitudes de 880 enfants âgés de 15 jours à 3 ans. Ils ont été répartis en 11 classes d’âges.
Allaitement et consommation de lait
L’étude indique que 55% des enfants du panel sont ou ont été allaités. Ce chiffre est en baisse par rapport à celui de l’étude précédente datant de 2013 puisque le pourcentage annoncé était alors de 62%. Bien que ce taux soit en baisse, il apparait cependant que sa durée est allongée. On explique cela par une plus grande disponibilité maternelle du fait de la crise sanitaire grâce, notamment, au confinement ou à la généralisation du télétravail.
Le passage au lait 2ème âge est majoritairement respecté. Cependant, l’étude met en évidence un passage trop rapide au lait de vache pour les enfants âgés de 1 à 2 ans. Ce lait n’étant malheureusement pas adaptés aux besoins nutritionnels des jeunes enfants est pourtant utilisé pour la consommation de 25% de bébés. Ce chiffre augmente après 2 ans puisque, à cet âge, 50% des enfants en consomment.
Pour rappel :
de 0 à 6 mois : lait « 1er âge »
de 6 à 12 mois : lait « 2ème âge » / « lait de suite »
de 1 à 3 ans : lait « 3ème âge » / « lait de croissance »
A propos de l’apport en matières grasses
Pour poursuivre sur le sujet du lait, l’enquête Nutri-bébé 2022 a montré que les parents ont tendance à privilégier le lait demi-écrémé, de peur de faire consommer trop de graisses à leurs enfants. Il est sans doute nécessaire de rappeler que les besoins en matières grasses est très important pour les enfants de moins de 3 ans, en plein développement. Il est d’ailleurs fortement recommandé de maintenir la consommation de lait infantile jusqu’à l’âge de 3 ans. Ce lait contient, en effet, tous les éléments dont le jeune enfant a besoin pour un bon développement. Il faut donc veiller à ne pas passer trop vite au lait de vache.
Pourtant, une majorité de parents choisissent de réduire la consommation de viandes et de lipides de leurs enfants avant 3 ans. A l’image du régime alimentaire qu’ils s’imposent en tant qu’adulte, ils répercutent leurs habitudes alimentaires sur leurs bébés sans prendre en compte leurs besoins nutritionnels spécifiques. En effet, l’alimentation de bébé devrait être composée à hauteur de 40% de lipides. Bien évidemment, les parents doivent veiller à ce que ces lipides soient de bonne qualité.
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Il est enfin important d’indiquer qu’il est déconseiller d’imposer aux enfants de 0 à 3 ans un régime végétarien ou végétalien. Sans suivi par un professionnel compétent, le risque de carences est important. Carences qui, rappelons-le, peuvent avoir de lourdes conséquences sur leur vie future.
La place des professionnels de santé dans la vie des 0-3 ans
La nouvelle mouture de l’étude a également permis de constater que le pédiatre reste un interlocuteur de choix pour les jeunes parents. Cependant, ce sont surtout les primipares et parents d’enfants de moins de 18 mois qui ont recours à ce professionnel de santé. Plus tard, malheureusement, 57% des mamans ayant déjà eu des enfants (multipares) ont tendance à s’en remettre à l’entourage, internet ou à leur propre instinct pour prendre les décisions qui s’imposent pour l’alimentation de leur enfant.
Les écrans dans la vie alimentaire des touts petits
La présence des écrans dans les foyers français au moment des repas n’est malheureusement plus rare. L’enquête Nutri-Bébé a d’ailleurs démontré que 50% des 0-3 ans ont pris leur repas face à un écran dans la semaine écoulée. Cette tendance est beaucoup plus marquée à l’heure du petit-déjeuner. A noter que cette interaction doit être limitée. Le bébé, concentré sur la source lumineuse et les images qui défilent, n’est plus attentif aux aliments qu’il ingère. Il est pourtant important pour son développement et son éducation nutritionnelle que son attention ne soit pas détournée. D’autre part, il est important de rappeler que la présence d’un adulte est nécessaire pour expliquer à l’enfant ce qu’il peut voir.
Ces éléments seront encore étudiés dans les années à venir. Ils permettront de brosser un nouvel état des lieux des habitudes alimentaires de nos chers petits.