Récemment, une amie me demandait si j’avais une recette de pâte à sel. Moi, je n’ai rien trouvé de mieux que de répondre que je n’étais pas une mère assez parfaite pour savoir faire ça (en plus, ça doit pas être bien sorcier ! je ne me suis jamais penchée sur la question)… Je me suis demandée ensuite si je n’avais pas utilisé cette expression de « mère parfaite » à tort… Parce que, au final, c’est quoi une mère parfaite ? Est-il, d’ailleurs, possible d’en être une ? Avons-nous tous la même vision de la super maman ?
J’ai toujours pensé que la perfection n’existait pas, alors pourquoi la mère parfaite existerait ?
Cela supposerait, déjà, qu’elle n’ait rien à se faire reprocher… Y compris le fait d’être parfaite ^^. Ensuite, il faudrait qu’elle se lève le matin, avec le sourire, dans un état de zénitude et de patience à en faire pâlir le Père-Noël, qu’elle prépare un petit déjeuner bio et home made tous les matins pour sa petite (ou grande famille). … parce que la mère parfaite se consacre à sa famille et ne travaille pas (de préférence). Elle passe ses journées à s’occuper de son logis, à faire des gâteaux et préparer des petits plats succulents… Elle passe son temps libre à concevoir des jeux et des activités ludi-éducatives pour le mercredi et les week-ends… Elle fait les boutiques pour habiller son petit monde qu’elle berce/borde après avoir lu l’histoire du soir avec une patience d’or… Mais, franchement, existe-t-il des mères comme celles-ci ? Sont-elles bénéfiques pour leur entourage et leurs enfants ?
La mère parfaite énerve les mères pas parfaites…
C’est obligé… Sa perfection balance à la figure des autres tout ce qu’elles ne sont pas ou ne font pas… et ça irrite… forcément… parce que, au fond, c’est la société qui veut qu’on le soit : patiente, jamais en colère, 100% consacrée à son enfant élevé avec une conscience citoyenne (et écologique) pour le soigner quand il est malade, le consoler quand il ne va pas bien,… la mère parfaite sait comment agir dans n’importe quelle situation… Elle n’a jamais peur, n’a pas de doutes… elle est talentueuse et elle a l’instinct maternel ELLE !… elle a peut-être des enfants parfaits aussi… allez savoir !
Quand tu deviens maman, tu comptes bêtement sur le fameux instinct maternel…
De mon côté, je ne suis pas certaine de l’avoir croisé sur mon chemin. Complètement perdue face à la maternité, je me suis posée mille questions et j’ai fini par me demander, inconsciemment, ce que je devrais faire pour être une bonne mère ! On m’a soufflé des trucs… j’en ai pris certains, j’en ai jeté d’autres… mais, à aucun instant, je n’ai eu le sentiment d’avoir des comportements maternels innés. Avec le temps, j’ai fini par accepter de ne pas être la mère que j’imaginais devenir et de ne pas élever les enfants que j’imaginais avoir… J’avais des convictions et des rêves idiots… j’ai revu un nombre considérable de choses ! Et j’ai renoncé à faire à la perfection pour, surtout, faire de mon mieux et être, ainsi, une mère suffisamment bonne pour mes filles. Et, mine de rien, ça retire une sacré pression de ma cocotte de caboche !
Être une mère parfaite n’est-il pas plutôt d’accepter de renoncer à l’illusion de la toute puissance maternelle ?
Être une bonne maman, c’est peut-être d’accepter l’échec, l’imperfection, accepter d’avoir oublié le doudou du p’tit dernier à la maison (ou, pire, de l’avoir perdu), accepter de ne pas toujours être patiente avec ses enfants, accepter d’aller travailler au lieu de s’occuper du logis, accepter de penser un peu à soi et de se faire plaisir, accepter de ne pas être avec les petits monstres à tout instant, accepter de les appeler « petits monstres » au lieu de « merveilleuses petites merveilles », ou même accepter d’avoir oublié de mettre une petite culotte à la cadette avant de l’envoyer à l’école (ça arrive !).
Être mère, ce n’est pas aussi facile que je l’imaginais… oh la la ! La fatigue est toujours là pour me mettre du plomb dans l’aile, les tracas du quotidien n’aident pas beaucoup non plus… Pour autant, je crois qu’une bonne maman est avant tout une femme heureuse et épanouie dans son quotidien. Une mère tracassée par son environnement professionnel, les problèmes familiaux, l’argent, et plus largement les soucis venus de l’extérieur de la maison, c’est une maman plus irritable et moins disponible.
Une bonne maman est, à mon sens une mère heureuse et épanouie
Elle doit permettre à ses enfants de progresser dans la vie sans les étouffer. Elle doit savoir être là quand ils en ont besoin et prendre de la distance quand la situation le nécessite. Je ne crois pas qu’une relation fusionnelle entre une mère et son enfant soit très bénéfique (mais c’est un autre sujet). A l’inverse, je ne pense pas qu’une distance entre une mère et son enfant soit bonne ! C’est comme pour tout, il faut un juste milieu… Il faut accepter que son enfant ne reste pas un bébé à vie et qu’il grandisse jusqu’à quitter le nid familial… C’est sans doute ça être une bonne mère finalement : accepter qu’un enfant ait sa propre identité, qu’il ait SA vie, et qu’il ne soit pas une extension de nous-même… qu’il soit un être à part entière.
C’est pourquoi, il me parait indispensable qu’une mère garde et développe ses passions… en solo ou avec ses enfants. Cela peut aussi leur permettre d’explorer leurs propres centres d’intérêt. C’est en préservant son propre équilibre, qu’une maman peut être qualifiée de « bonne mère » 🙂