La journée fut longue. Levée de bonne heure pour aller travailler, j’ai quitté la maison le plus discrètement possible pour ne réveiller personne. Les filles encore partiellement endormie, l’Homme tentant désespérément de garder le plus longtemps possible le lit avant d’attaquer une journée consacrée à la garde des petites que la crèche ne pouvait pas accueillir ce jour-là pour cause de journée pédagogique, je quittais donc le domicile familial pour rejoindre mon bureau.
Je ne réfléchissais pas, mon seul but étant de retrouver le lieu où je passe le plus clair de mon temps pour travailler, ne réfléchissant pas encore à ce temps que je ne passe pas avec mes enfants.
C’est plus tard dans la soirée que je me suis vue faire cet amer constat.
Je passe mes journées à courir, à planifier, à réfléchir, à apprendre mon nouveau travail, à penser à l’avenir… oubliant l’essentiel de mon présent.
Ce soir-là, après avoir préparé le repas, après avoir mangé et habillé les filles pour la nuit, j’ai couché Léna avant de rejoindre la plus récalcitrante de mes deux filles dans sa chambre, j’ai nommé Emma !
Après lecture d’une histoire, un pipi à rallonge et une négociation pour la convaincre d’aller au lit, j’ai rejoins l’Homme devant la télévision pour y regarder un film.
Le film avait commencé depuis dix minutes quand nous avons entendu Léna pleurer.
Je suis allée la retrouver, armée du biberon qu’elle n’avait pas terminé avant d’être couchée.
C’est en lui donnant que mon regard s’est posé sur sa petite main. Je l’ai caressée et l’idée que ma fille avait déjà bien grandit m’est venue à l’esprit. C’est là que j’ai réalisé à quel point le temps passe vite. Elle va déjà avoir 5 mois. Je n’ai pas vu le temps passer. Elle a tellement changé en 5 petits mois !
Le temps file, je la laisse aux mains d’auxiliaires de crèches. Pendant que je me débats pour gagner ma croûte. Je n’imagine pas trois secondes tout arrêter pour m’occuper de mes filles à plein temps car ce serait faire une croix sur beaucoup de choses. En fait, c’est tout bonnement impossible… A moins de nous mettre dans une situation très compliquée et difficile à gérer.
Pourtant, je ne peux m’empêcher de rêver à une autre vie… Un vie qui me permettrait de passer du temps avec mes filles.
Je pense à prendre un temps partiel à la rentrée de façon à pouvoir au moins un peu en profiter… Car le temps, je ne peux pas l’arrêter… Il faut avancer coûte que coûte !