L’échéance est proche… J-3 mes amis, J-3… Dans 3 jours, on se marie et ce sera la folie. Je vais me réveiller (trop tôt), je vais filer prendre mon petit déjeuner (trop vite), je vais prendre une douche (trop courte) durant laquelle je vais jouer le film qui se jouera plus tard dans la journée, à ma façon, tel que je le voudrais et sans doute bien différemment de ce qu’il sera. Il aura un goût de guimauve et de bonbons…
Après, ce sera la course. La matinée va filer à toute vitesse tandis que je me ferais coiffer et maquiller avant de retrouver la maison, mon chéri, les filles, mes (futurs officiels) beaux-parents et ma (future officielle) belle-sœur aussi. Nous grignoterons un petit truc, nous enfilerons nos tenues d’apparat avant de prendre la direction de la Mairie où nous serons attendus par l’adjointe au Maire de notre arrondissement. Mes parents, nos témoins et nos familles proches seront là. Quand on sortira de la Mairie, nous serons officiellement mariés… Mais la journée sera loin d’être terminée. A mes yeux, c’est un peu à ce moment-là qu’elle commencera ! Nous repasserons par la case « maison » avant de prendre le chemin du lieu de réception où nos autres convives nous attendront pour célébrer notre union dans le cadre d’une cérémonie laïque.
Cette journée, je l’ai déjà vécue des dizaines de fois (des centaines peut-être !) mais elle n’aura jamais dans mon imaginaire l’intensité de sa réalité. Je la rêve cette journée, je l’attends… mais, pourtant, je l’avoue, j’ai (un peu) peur de me marier… Vous vous demandez sans doute pourquoi… et même si vous vous en moquez comme de ma première culotte, je vais vous expliquer pourquoi.
Mai 1996 J’ai 16 ans et j’ai ENFIN un petit copain… Limite, je n’y croyais plus. Je suis heureuse d’avoir un petit copain. Enfin, je suis comme les autres. Je ne me distingue pas par ma solitude et ça me fait beaucoup de bien. Je m’entends assez bien avec lui. On a le même amour des beaux mots pour porter nos années fac et les prémices d’une vie à deux.
Juin 2002 J’ai 22 ans. Nous nous marions sous un soleil radieux. Mon père est adjoint au Maire et a le privilège de nous marier. La date de notre mariage marque également le début de notre vie active. Nous avons tous les deux décroché un concours et nous commençons le lundi qui suit notre mariage. Nous n’avons jamais eu de lune de miel soit dit en passant…
Août 2002 On emménage dans le même appartement après 2 mois de formation en région parisienne, lieu où je ne pensais plus jamais revenir… L’avenir me réservait bien des surprises ! Je découvre mon mari… Je le connais pourtant depuis 6 ans mais il est bien différent de celui que j’avais connu… avant… Sa radinerie, déjà bien marquée, devient excessive (je regrette alors d’avoir choisi d’avoir un compte commun). Il compte tout… même les minutes. Je suis contrainte de m’éloigner de mes rares amies à sa demande… Les amis, ce n’est pas bon pour un couple voyez-vous, cela pousse à la tromperie. Moi, je ne voyais pas les choses comme ça mais j’étais bête naïve alors je me suis exécutée. Et plus ça allait, plus il m’imposait de faire des choses que je ne souhaitais pas faire… que je faisais pour lui faire plaisir. Mais voilà, ça n’allait que dans un sens. J’en suis arrivée à craindre nos rapports charnels, à tel point que j’ai gardé des traces psychiques de tout cela.
Octobre 2004 Nous divorçons après presque un an de séparation. C’est moi qui ai demandé à divorcer. J’étais malheureuse avec lui et je ne supportais plus la vie qu’il me faisait subir. C’était trop pour moi. Je n’avais aucune liberté, plus d’amies, plus le droit de dépenser d’argent sans son consentement… et une vie sexuelle faite de contraintes et de soumissions que je ne supportais plus. La faute m’est retombée dessus. On m’a accusée de le tromper… Sa mère est même allée jusqu’à appeler mes parents un beau jour pour leur dire que maintenant que j’avais mis le doigt dans l’engrenage, plus jamais je n’aurais de vie stable, que je passerais mon temps à passer d’hommes en hommes sans jamais m’arrêter… Elle a ajouté « vous verrez ! ». Ma mère avait laissé le haut parleur du téléphone en marche. Les paroles de cette femme résonnent encore en moi.
Après ça, on peut dire que j’ai eu une vie de merde (désolée, il n’y a pas d’autre mot)… et ce jusqu’en 2007, quand j’ai rencontré mon chéri.
Voilà, après mon premier mariage, j’ai dit « plus jamais ça, plus jamais je ne me marierais ! ». Je pensais être guérie. Mais voilà, vous constatez aujourd’hui que je n’ai pas tenu cette promesse. Les surprises de la vie m’ont réservées tant de jolies choses : une rencontre quasi magique avec mon chéri (le seul qui ai su me faire croire au coup de foudre), une vie formidable ponctuée de deux naissances d’adorables petites filles, mi-lui, mi-moi, entre autres… Il y a eu des hauts et des bas entre nous mais quel couple n’en a pas ? On en est ressortis plus forts sans doute. Cela m’a permis de réaliser une chose importante : Lui, je ne m’imagine plus vivre sans lui… Il est le seul homme que j’ai envie d’aimer. A son contact, je me sens apaisée, moi qui suis toujours énervée, agacée, angoissée. Alors, forcément, le mariage est venu comme une évidence et moi, je me suis remise à rêver. Le rêve s’est ensuite déjà un peu concrétisé quand il m’a fait sa demande en mariage le jour de Noël.
Pourtant, j’ai peur… peur que cela se termine encore une fois en divorce. La situation est bien différente de celle que j’ai vécu il y a une dizaine d’années mais je ne peux m’empêcher d’y penser… Et puis ces histoires, que l’on nous raconte, de ces couples pour qui « tout allait bien » qui décident de se marier après de longues années de vie communes et qui se séparent quelques mois ou une année après leur mariage… cela n’arrange rien. Mais que peut-il donc se passer chez ces couples pour demander le divorce aussi rapidement après leur mariage malgré toutes ces années passées ensemble ?
Malgré tout, j’ose y croire. Je suis plus mûre, moins naïve, je sais imposer mes choix (ou presque),… Je suis sûre de mon amour pour lui (chose bien différente de mon premier mariage).
Allez, dans 3 jours je me marie et j’ai une liste de choses à faire longue comme le bras !!!
Evelyne
