J’ai toujours aimé aller au Starbucks même si je trouve leurs boissons et leurs gâteaux trop chers. Il règne dans ce café à l’américaine une atmosphère chaleureuse qui invite à la réflexion… Enfin, en général. Pour en avoir fait un récemment avec Emma, je ne peux plus dire que tous les Starbucks ait en commun cette invitation à la réflexion.
Samedi dernier, il faisait beau. J’ai proposé à Emma d’y faire son goûter.
Nous venions de nous balader dans les rues du marais et nous venions de passer devant la Tour Saint-Jacques quand je lui ai proposé d’aller y faire un tour. J’avais bien conscience qu’il serait blindé de monde en ce samedi après-midi ensoleillé. On était en plein centre de Paris. La foule serait inévitable. Mais qu’à cela ne tienne, j’avais envie de « mon » Starbucks et personne ne m’aurait ôté de la tête l’idée d’y aller.
Nous avons fait la queue… Longtemps.
Emma a choisi un donut au chocolat. J’ai choisi un chocolat Viennois Signature.
La salle était bondée de monde… Et puis, juste au moment où nous avons quitté la caisse, deux places se sont libérées, juste là, sur deux hautes chaises, là « dans la vitrine ».
Tandis que nous nous installions, deux adolescentes gloussaient bruyamment.
Posées juste à côté de nous, je profitais de leur conversation sans le vouloir. Elles parlaient (hurlaient ?) si fort, riaient tellement fort… Impossible de les louper les deux greluches.Stylées, tenue en vogue de rigueur, j’imaginais sans peine le temps qu’elles devaient passer à se pouponner dans la salle de bain avant de partir au lycée… A moins que ce ne soit au collège. Les adolescentes me semblent aujourd’hui tellement mûres d’apparence que je ne sais plus où les situer.
Bref, ces filles font attention à leur apparence, c’est certain. Elles doivent connaître par coeur le contenu des palettes Naked que moi-même je n’ai jamais eues entre les mains…
Alors que glissent leurs doigts fins sur leurs iPhone dernier cri, elles continuent de hurler et de rire à gorge déployée.
Comme je vous le disais plus haut, il m’est impossible de ne pas les écouter. La discrétion, ce n’est pas leur truc a priori…
Elles observent les gens et se moquent d’eux. Une précédente proie partie, elles partent en chasse, du regard, de la suivante. Et là, ça y est, juste en face d’elles, sur la terrasse, s’installent deux filles qui ne se doutent de rien.
La plus grande des deux ados les repère. Elle donne un coup de coude à sa copine en s’esclaffant : « Hey ! Regarde comme elle est moche celle-là, celle qui vient de s’asseoir… Ah ah elle est trop moche ! ». Et, tandis qu’elle braque l’objectif de son smartphone sur cette pauvre fille, elle annonce : « ça vaut bien un snap tellement elle est moche ». En ricanant, elle capte sa vidéo moqueuse. Fière d’elle, elle poste son snap à sa « communauté ». L’autre se bidonne…
C’est là que c’est arrivé…
Tandis que j’observais cette triste scène, Emma a voulu boire une gorgée de mon chocolat viennois signature… En le reposant, sa main a échappé le gobelet dont une partie s’est déversée sur la table. J’ai eu le temps de le rattraper assez vite pour éviter qu’il ne se vide complètement. C’est que je tenais à mon précieux nectar trop cher, moi !
J’ai attrapé des serviettes pour éponger la flaque de chocolat mais une partie a commencé à couler entre la table et la vitre… J’étais à mille lieux de penser que la greluche d’à côté avait posé son tote-bag par-terre.
C’est là que l’ado a sorti le dit sac de sous la table, constatant une affreuse tache chocolatée qui avait décidé de s’imprégner du tissu… Elle m’a fusillée du regard. Je me suis excusée sans insister. Elle n’en avait rien à faire de mes excuses. Elle me détestait de toute façon.
Pour un peu, elle m’aurait balancée sur Snapchat. Je n’ai pas eu cet honneur puisqu’elle était surtout occupée à constater les dégâts et à pester contre la terre entière. J’ai eu envie de lui dire « tu sais, ce n’est qu’un tote-bag, il faut t’en remettre ! ». C’est là qu’elle a sorti : « P*****, je suis dégoûtée ! Je l’ai eu à Noël en plus ». Et nouveau regard noir dans notre direction.
Emma, penaude, observait la scène. Je voyais bien qu’elle était embêtée et même qu’elle culpabilisait.
Les filles se sont éloignées en direction des toilettes pour nettoyer le fameux sac. J’ai eu envie de balancer à la concernée que, de toute façon, du chocolat comme ça, ça ne partira jamais. En tout cas, chez moi, les traces de chocolat ne disparaissent pas malgré de nombreuses tentatives et techniques employées.
Je me suis tournée vers Emma qui se sentait visiblement mal. Je l’ai rassurée en lui disant que cette fille le méritait, que c’était une méchante qui se croyait mieux que les autres. J’ai d’ailleurs ajouté qu’il ne nous arrivait jamais rien sans raison… Voilà, c’était bien fait pour elle !!!
C’est avec une certaine satisfaction, je l’avoue, que j’ai quitté le Starbucks Saint-Germain…
Est-ce que ça fait de moi une méchante ? Et bien, je ne le pense pas !
La photo n’est pas de moi. Elle vient du site Pixabay