Il y a un peu plus de deux ans, ma vie a pris un tournant. Après mon divorce, j’ai rencontré un nouvel homme, Alex. Un homme doux, attentionné, avec qui j’ai eu envie de construire quelque chose de solide. Mais avec lui, ce n’était pas seulement une histoire d’amour à deux. C’était aussi l’histoire de deux familles qui allaient devoir apprendre à se rencontrer, à se mélanger, à s’apprivoiser. En choisissant de faire notre vie ensemble, on choisissait également de construire une famille recomposée…

A cette famille recomposée, j’apportais deux filles : Emma qui avait alors 12 ans, et Léna qui avait 9 ans. Mon nouveau compagnon, lui, apportait deux filles aussi : Naomie alors âgée de 9 ans et Alicia qui avait 17 ans.
Les émotions des enfants, au cœur de la recomposition
Quand j’ai présenté mon compagnon à mes filles, Emma a eu beaucoup de mal à accepter la situation. Elle craignait de ne pas être aimée par cet homme qui entrait dans nos vies. Elle avait peur que je détourne mon regard d’elle, que je ne sois plus là pour elle de la même manière. C’était douloureux de la voir traverser ces inquiétudes… parce que, comme toutes les mamans, je voulais la rassurer, lui prouver que mon amour pour elle ne s’effacerait jamais.
Alors, j’ai pris le temps de discuter avec elle, souvent… pour la rassurer, pour lui montrer mon amour, pour lui expliquer encore et encore, que l’arrivée de cet homme dans nos vies ne changerait rien à l’amour que je lui portais et au temps que je pourrais passer avec elle.
Elle craignait aussi d’être rejetée, que cet homme ne l’apprécie pas, qu’il dénigre mes enfants au profit des siens… que ce soit un mauvais beau-père comme ceux que les mauvaises histoires décrivent.
Petit à petit, il a fallu créer de nouveaux repères. Laisser à chacun le temps de trouver sa place. Accepter les réticences, les colères, parfois même les silences. Parce qu’au fond, tout ça parle d’une chose : la peur de perdre l’amour d’un parent.
Accueillir les enfants de l’autre dans cette famille recomposée
De mon côté, j’avais aussi mes propres peurs. Celle de ne pas réussir à construire une relation avec les filles de mon compagnon. Je craignais d’être rejetée… J’espérais qu’elles m’acceptent et que je fasse partie intégrante de leurs vies. J’avais peur de ne pas être assez bien à leurs yeux ou qu’elles me reprochent de prendre trop de place dans la vie de leur papa.
Je crois que c’est normal de se poser ces questions. On arrive dans une histoire déjà existante, avec ses habitudes, son histoire, parfois même avec une maman encore très présente. La peur de faire un faux pas est réelle. Dans cette situation, il n’y a pas quinze choix. Il faut prendre le temps, il faut avancer à petits pas, avec douceur, sans chercher à forcer les liens. Il faut de la patience… ce qui, je ne vous le cache pas, n’est pas mon fort. Mais c’est important.
Parfois, un simple moment partagé, un fou rire ou un petit secret suffisent à amorcer la confiance. Et ce sont ces petits instants qui deviennent, peu à peu, des fondations.
Pour ceux et celles qui aiment et qui ont besoin de lecture sur le sujet, vous pouvez potasser « Le Guide de la famille recomposée,
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Les beaux-parents… et la place compliquée de belle-fille
Parmi mes craintes, il y avait aussi la façon dont mes nouveaux beaux-parents allaient m’accueillir. Alex est resté plus de vingt ans avec son ex. Voilà qui crée forcément des liens entre cette femme et ceux qui allaient devenir mes beaux-parents. Et leurs liens, justement, étaient bons… ce qui, on peut le craindre, pouvait me compliquer la tâche. Je craignais de ne pas être appréciée et de ne jamais trouver de place dans leur cœur. Je n’en demandais pas une grosse bien-sûr, mais suffisante pour me sentir un peu appréciée par eux. Je ne savais pas si j’allais être comparée, jugée, ou tout simplement acceptée.
Au début, ils n’ont pas souhaité me rencontrer. Pour eux, c’était compliqué. Ils avaient toujours vu Alex avec son ex-femme, elle faisait partie intégrante de la famille. Moi, l’étrangère, j’arrivais au milieu de tout cela. Aucune place n’était alors pour moi. Il leur fallait du temps… Même si cela me blessait, je comprenais. Alex leur a fait part de son souhait de nous voir nous rencontrer et cela a fini par arriver.
Il a fallu, là encore, du temps. Montrer qui je suis, avec mes qualités mais aussi mes imperfections. Ne pas essayer de remplacer, mais simplement exister dans leur histoire familiale. Laisser la place à la mémoire de l’avant, sans me sentir menacée. Pendant longtemps, je me suis imaginée comparée à son ex. Mais je crois qu’au final ils ont fini par m’accepter moi, dans mon individualité… sans me comparer à cette ex.
Construire une famille recomposée, ça veut dire accepter les nuances
La famille recomposée, ce n’est pas un puzzle parfait où chaque pièce s’emboîte immédiatement. C’est plutôt une mosaïque, faite de morceaux différents, de couleurs parfois contrastées, mais qui finissent par former quelque chose de beau, de vivant, d’unique.
Il y a des jours où les tensions se font sentir. Où les enfants expriment leur jalousie. Où moi, je doute encore d’être une bonne mère, une bonne belle-mère. Mais il y a aussi des jours lumineux, où je vois Emma rire avec lui, Léna le prendre dans ses bras… Naomie me faire un câlin ou encore Alicia me demander conseil… des moments où nous partageons de vrais instants de complicité avec nos filles.
Aujourd’hui, nous ne sommes plus 3 + 3… mais bien 6.
Ce que j’ai appris en deux ans
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L’amour ne se divise pas, il se multiplie. Aimer un nouvel homme ne veut pas dire aimer moins mes enfants.
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Les enfants ont besoin de temps. Leur peur d’être oubliés est légitime, et c’est à nous, parents, de les rassurer, encore et encore.
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Et les beaux-enfants ont aussi besoin de temps. L’idée n’est pas de remplacer leur maman ou leur papa, mais simplement d’être une présence fiable et bienveillante.
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Les beaux-parents ont aussi leur chemin à faire. Et parfois, c’est nous qui devons leur laisser la chance de nous connaître vraiment.
Aujourd’hui, je n’ai pas toutes les réponses. Mais je sais une chose : une famille recomposée se construit dans le respect, la patience et la tendresse. Rien ne doit être précipité. Les liens se créent, parfois en douceur, parfois avec des tempêtes. Mais au bout du compte, ils deviennent réels, profonds et sincères.
Et si je devais dire une seule chose à celles et ceux qui traversent ça aujourd’hui, ce serait : faites confiance au temps, ne forcez rien.
N’hésitez pas à partager vos expériences !