« Comment tu vas ? »… Cette question, on me l’a gentiment posée plein de fois durant ces deux dernières semaines. A chaque fois, la même réponse me vient à l’esprit… « Ça va… Comme d’habitude… » voilà, j’ai envie de dire « bien » mais au fond, je sais que je ne vais pas bien. Je ne me sens pas bien. Je sais qu’il y a un truc qui cloche mais je ne me vois pas l’expliquer à tous ceux qui prennent de mes nouvelles. Je ne me vois pas leur dire que je me sens mal dans ma tête, que je me sens mal en moi-même.
Même dans les moments où « je vais bien », il y a une part en moi qui crie des « au secours, sauvez moi » tandis que je continue de vivre, de survivre.
Résultat : je suis une mauvaise mère, une mauvaise copine, une mauvaise fille… C’est, en tous cas, le sentiment que j’ai aujourd’hui.
Mauvaise mère parce que je ne suis plus moi même en présence de mes filles. Quand je suis seule avec elle, tout s’accélère. Mon cerveau a du mal à répondre à toutes les demandes et tout s’embrouille… Je me sens vite dépassée et je me mets à paniquer. En sur-ventillation, le coeur au bord des larmes, je ne parle plus… Non, en fait, je hurle ! Je crie sur ces deux gamines qui n’ont rien fait d’autre que de chouiner pour avoir un « tato » ou de pleurnicher pour avoir le droit de manger un bonbon avant le repas… tandis que je fais au mieux pour préparer un repas rapide, équilibré et mangeable, un repas qui ne me sera pas renvoyé en pleine figure, l’assiette à peine posée sur la table. Une situation banale, en somme, mais une situation qui me dépasse et qui me fait perdre mes moyens… et qui me fait crier, devenir injuste et vraiment moche…
Mercredi dernier, j’ai été cette maman là, une maman dépassée qui n’en pouvait plus. Tandis que je préparais le repas, les deux filles pleurnichaient derrière moi, envahissant la cuisine de pleurs et de chouineries. La Minuscule voulait manger et Minipuce aussi. Minipuce voulait clairement une cochonneries et insistait malgré mon refus. Et puis la connaissant, je ne voulais rien lui donner avant le repas car elle a la fâcheuse habitude de bouder son assiette. Il était 11h30 et les deux demoiselles avaient déjà les crocs… Et moi j’avais la pression derrière les fourneaux et une grosse boule gonflait dans ma gorge.
J’ai fini par leur hurler dessus, excédée !
Je sentais l’envie de pleurer monter en moi, mais j’ai tenu bon. Nous avons fini par manger. Les filles ne s’en sont pas rendu compte mais moi, je n’ai pas touché à mon assiette.
J’ai couché la petite pour la sieste et je suis restée avec la grande. Et là, j’ai craqué. J’ai pleuré. Épuisée, je n’aspirais plus qu’à la tranquillité et au sommeil.
Minipuce m’a vue et s’est approchée de moi. J’ai dit alors « je suis désolée ma puce, je suis une mauvaise maman ». Elle m’a regardée tendrement et s’est adressée à moi tandis qu’elle prenait mon visage trempé entre ses deux petites mains : « mais non, tu es une gentille maman » et elle a ajouté avec beaucoup de tendresse : « il faut te reposer maman ». 4 ans et elle a tout pigé cette gamine !
Je n’aime pas être cette maman là qui devient exécrable, qui craque, qui pleure et qui montre ses faiblesses.
En ce moment, je me sens mauvaise fille aussi, mauvaise soeur et mauvaise copine. Je ne suis présente pour personne.
J’ai du mal à prendre des nouvelles de mes amis bien que je pense à eux… C’est comme si je ne pouvais aller au delà de ma pensée et faire un pas dans leur direction. J’ai l’impression d’être ainsi aussi avec ma famille et avec mes parents… Alors j’ai l’air froide et distante, j’ai l’air de la fille égoïste qui se tape du bien-être des autres, qui ne pense qu’à elle. C’est peut-être le cas d’ailleurs, je ne pense peut-être qu’à moi, peut-être parce qu’il le faut, peut-être parce que je ne peux faire autrement… parce que je ne me sens pas bien, parce que j’ai une boule grosse comme un pamplemousse dans la gorge prête à me faire fondre en larmes à la moindre anicroche.
Je ne suis même pas certaine d’être une bonne compagne pour mon chéri. Comment peut-on l’être quand le mal-être nous envahit ?
Pourtant, j’ai la joie de me dire que bientôt nous allons nous marier… Heureusement qu’il y a ça d’ailleurs car je dois dire que c’est aujourd’hui la seule chose qui me permette de sortir la tête de l’eau et de me sentir bien…
Quand tout cela va-t-il cesser ? Quand vais-je retrouver ma joie de vivre ? Peut-être simplement quand j’aurais pu gérer quelques pans de ma vie… J’ai du boulot moi…!
16 comments
C’est fou, en changeant « filles » par « garçons » dans ce témoignage, on dirait ma vie :/
Bonjour,
Il n’y a pas d’explications à ces mauvaises vagues qui parfois viennent, nous submergent, et nous font nous sentir si nulles, si perdues, si désappointées. Même les bonnes nouvelles, auxquelles on se rattache comme à des bouées de survie, ne suffisent pas pour soulager ce sentiment, terrible, d’être comme une petite plume en plein ouragan.
La première chose à faire, la plus difficile, c’est de déculpabiliser. Stop. On arrête de vouloir être la meilleure maman, la meilleure femme, la meilleure copine, celle qui assure au boulot, a le temps de se maquiller, de mettre des talons pour aller au supermarché, qui a le temps de faire des repas bio aux enfants, qui les habillent comme des poupées Jacadi, qui appelle Sophie pour son anniversaire, Marie qui vient d’acheter un appartement, et notre sœur qui vient tout juste d’avoir un bébé. On arrête de viser ce siège, si haut, ce piédestal vertigineux qui nous fiche la nausée et nous paralyse de trouille rien qu’à le regarder.
Ne dites pas à votre fille que vous êtes une mauvaise maman. Ca n’existe pas, une mauvaise maman. Vous êtes SA maman, et c’est à ses yeux tout ce qui compte. Prenez du recul, respirez. Parlez aux autres. Cette bulle qui vous étouffe, votre silence l’entretient. Appelez votre meilleure amie, votre mère, votre futur mari. Appelez-les, parlez, pleurez. Parce que si la boule ne sort pas, elle va vous étouffer, et vos proches avec.
Soyez forte, faites face, et dites ce qui ne va pas. Même si ce sont des broutilles collées à d’autres broutilles, que vous avez deux magnifiques filles, un magnifique mari, et tout pour être heureuse, visiblement vous ne l’êtes pas en ce moment, et, bonnes nouvelles :
– d’une, ce n’est absolument pas grave, vous n’êtes absolument pas la seule ;
– et deux, dans ces cas là, ce sont les gens qu’on aime qui nous font le bien qu’on arrive pas à se faire soi-même.
Courage, et plein de pensées 🙂
Chère Evelyne… Et si penser à toi devenait une priorité. Penser à soi n’est pas égoïste, c’est même bon pour les autres, car après on écouter mieux notre entourage et on pense à leur bien être. C’est une mauvaise maman et mauvaise tout qui t’écrit, car tes doutes, nous les avons toutes. Nous devons assumer beaucoup de rôles et nous veillons au bien vivre de toute notre « communauté » : nos enfants, notre mari/compagnon, nos parents ou proches, et ensuite seulement nous nous autorisons à nous occuper de nous, cette infinie parcelle de notre temps qu’il nous reste. Alors comment pouvons nous tenir ? Et bien nous épuisons nos réserves. Alors maintenant, il te faut du repos et de nourrir de toutes les jolies attentions de tes filles. Moi j’ai voulu réserver une fête de rêve à ma Louloutte samedi, j’en ai trop fait, je me suis épuisée samedi matin, dommage, comme toi, cela a fini en craquage devant elle à 10h15 quand j’ai découpé son napolitain en forme de Kitty et qu’elle a chouiné… Allez, haut les cœurs, nous allons créer le gang des mamans qui s’autorisent à dire, allez 5 mn par jour, « moi d’abord » ! Courage!
Je crois me lire entre tes lignes. Mes filles ont 3 mois et presque 3 ans (les bien nommés « terrible two »). Dépassée, l’impression de ne rien maîtriser, de passer ma vie à courir sans pourtant rien faire correctement : pas assez de temps pour jouer avec les enfants, nettoyer et ranger la maison à fond, prévoir des repas équilibrés, prendre des nouvelles… Prise à la gorge, une contrariété de trop et je craque. Pleurs, agressivité…
En un sens, ton post me remonte le moral (j’espère que tu ne trouveras pas ça mechant) : finalement, c’est humain et on est plusieurs dans le même cas.
Allez, courage ! C’est comme tout, ça passera. Un gros calin, un bisou, et on repart.
Courage ! Je te souhaite que ça aille vite mieux ! Des bises
A force d’être là pour les autres, on oublie parfois d’être là pour soi-même.
Prenez une bonne dose de repos (pas juste une journée, hein!), éloignez-vous des mauvaises énergies, occupez-vous de vous, rien que de vous (autant que possible), déléguez ce qui peut l’être et dans quelques temps vous vous sentirez à nouveau « super maman ».
Et noubliez pas non plus d’être « parfaitement imprafaite » (comme maman, soeur ou copine…)
Prenez soin de vous
bon niveau maman on passe toutes par là je pense….. les couples aussi ; ne jamais se fier aux apparences, on sait pas toujours ce qui se passe chez les gens !!
on n’est pas parfait !!! je suis au même point que toi niveau maman ; du coup je me retrouve un peu avec moi même quand je me prend une journée à moi par mois environ ou une demi journée par semaine c’est juste vital !!! j’ai viré autour de moi toutes les personnes qui me semblait négatives, quitte à avoir moins de monde et peu importe si c’est de la famille ou pas…. Du coup ça va un peu mieux ; moins mais mieux. Niveau relationnel j’ai arrêté de prendre des nouvelles des autres, car pour ma part c’est le contraire de toi, les gens ne répondaient plus aux invits ou autres…. du coup j’ai coupé aussi !! et je le vis très bien.
peut être le début d’un autre livre qui sait…. bon courage à toi
Dur de lire ça et de l’écrire j’imagine. C’est une période difficile pour toi, il faut te reposer (comme ta puce te l’a dit). Pas facile pour nous les femmes de tout gérer les enfants, la maison, le boulot, … on ne peut pas être exemplaire partout. J’ai eu un craquage comme toi il y a quelques temps en partie dû à la fatigue et aux 2 enfants en bas âge.
Si tu veux un conseil, fait garder tes puces quand tu le peux, prends du temps pour toi, prends du recul, délègue certaines choses à ta famille, ton mari, …
Et la préparation d’un mariage n’est pas de tout repose non plus !
Occupe toi de toi et toi s’arrangera 😉 Bon courage !!!
Bonjour Evelyne.
Ton témoignage en dit long sur ton ressenti du moment. Ressenti que beaucoup de mamans connaissent.
Nous ne nous connaissons pas mais je suis sûre de ne pas me tromper en disant que tu n’es pas la mauvaise mère, la mauvaise amie, la mauvaise compagne que tu penses être. Ce que tu vis est passager. Ça ressemble à une dépression post partum. La minuscule est encore très jeune et les journées ne doivent pas être faciles.
Je crois que tu as besoin d’un coup de main. Tu avais déjà eu un suivi pour remonter ton moral, peut être devrais tu reprendre. Il n y aurait aucune honte à cela. Je te souhaite beaucoup de courage, beaucoup de soutien.
Tu as l’affection et le soutien de tes lectrices en tous cas. Et puis tiens, un gros bisou guérisseur sur la joue! Prends bien soin de toi
Coucou,
J’ai versé ma’petite larme tellement je ressent ta détresse.
Effectivement tu dois trouver d’où vient ce mal être ,pour avancer, pour toi mais aussi pour tes filles et ton couple.
Le chemin sera peu être long, mais je suis sur que tu va y arriver.
Bon courage, bises
Lire ce post me fait monter les larmes aux yeux tellement je me reconnais dans cette situation, avec deux petits garçons de 16 mois et 5 ans…J’ai vécu la même scène il y a qq jours, au moment de préparer le repas le petit qui couine de ne plus pouvoir attendre, le grand qui me sollicite pour je ne sais quel jeu…je me démène à vite préparer un repas, pour que finalement le petit pique une colère et ne veut plus manger….arghhhhhhh je craque! Et je crois que c’est normal, on est nombreuses à le vivre mais peu à en parler. En parler à un professionnel, et se ménager des temps pour soi c’est important, et surtout se mettre moins de pression! Etre une super maman c’est avant tout être présente pour ses enfants, se soucier d’eux et leur donner plein d’amour. Etre maman de deux jeunes enfants c’est épuisant, on veut faire de notre mieux mais souvent la réalité nous rattrape: le petit qui ne veut pas faire la sieste alors qu’on aspire qu’à pouvoir avoir 1h de calme, un repas préparé avec amour qui fini par terre…dur, dur! Mais ne doutez pas de vous, je vous trouve très courageuse de pouvoir en parler sincèrement ici, et croyez bien que vous êtes loin d’être seule dans cette situation! Plein de pensées positives, courage!
Bonjour, vous êtes tout fatiguée, voire même épuisée… Cela explique beaucoup de choses et je dirais même presque normal entre vos deux filles, votre travail, votre compagnon, votre blog….. vous faites énormément de choses, à un moment le corps, la tête disent stop…Ménagez-vous, il va falloir prendre des vacances, déléguer… et vous accorder des moments rien qu’à vous (massage, soins esthétiques, 1 heure de ballade dans un parc parisien… et un petit suivi médical…). Vous avez déjà commencé le travail puisque vous vous rendez compte de ce qui ne va pas, une « mauvaise maman » ne se serait pas rendu compte quelle avait criée sur ses enfants. Et mercredi prochain, un petit repas à l’extérieur
entre filles, sans rien à préparer…
Coucou
Courage, ça peut arriver à tout le monde, j’ai déjà craqué aussi avec les enfants, une nuit pourrie, 2 grandes qui passent leur temps à se disputer, une petite qui chouine et le petit dernier qui ne veut que des câlins (ouais ça ça devrait me faire plaisir mais quand il faut faire à manger… c’est sympa de n’avoir personne dans les jambes). D’ailleurs je râle de plus en plus et j’aime pas ça, j’ai même commencé à lire le livre « J’arrête de râler sur mes enfants et mon conjoint ». Un jour j’aurais le temps de terminer ce livre et de le mettre en application, j’aime beaucoup ce livre car je retrouve des témoignages proche de ce que nous vivons et j’ai vraiment envie de ne plus râler 😉
La fatigue c’est terrible. Trouve le moyen de te reposer, trouve les points positifs : ton mariage… Les autres si ce sont de vrais amis ils attendront. Bon courage et plein de repos. Ne culpabilise pas tu n’es pas la seule.
courage !
Bonjour, j’ai eu un pincement au cœur en lisant ton post… beaucoup de mamans se reconnaissent dans ton témoignage et même si on se rassure en se disant que nous ne sommes pas seules, ca n’aide pas plus à gérer le quotidien. Je me permets ce message puisque dans mon cas, il s’agit d’un dérèglement de la thyroide suite à ma première grossesse… alors oui, il faut prendre du temps pour soi et se reposer (mais quand ? comment ?) mais parfois, on ne maitrise pas tout et il y a aussi des explications purement médicales. Tu peux toujours en parler au médecin… Courage 🙂
ton article me donne les larmes aux yeux, parce que je m’y retrouve, le moment ou je dois donner un biberon en même temps que préparer le repas du « grand » qui n’a que 2 ans et qui ne sait donc pas trop patienter !
mais je suis tombée sur un blog l’autre jour qui m’a fait prendre conscience que l’on peut faire des progrès assez vite , tout n’est pas perdu, au contraire , voici l’adresse http://etre-parent.com/l-epuisement-parental-comment-sen-sortir-2me-partie/
ca te servira peut etre aussi
bon courage en tout cas , ne perds pas espoir