Depuis que Minipuce a commencé à parler, une phrase revient régulièrement, tous les jours, plusieurs fois par jour… parfois en boucle : « il est où…. ? » suivi d’un prénom, d’un terme nominatif ou du nom d’un objet.
Ainsi les « il est où papa ? » ou les « elle est où Audrey ? » pleuvent face aux « elle est où…. ? » énumérant les noms de ses amies de crèche… Parce que Minipuce aime savoir où sont les gens… ceux qu’elle voit, ceux qu’elle vient de voir et ceux qu’elle ne voit plus depuis quelques temps.
Récemment, elle en est même venue à me demander « il est où Horton ? »… Horton est le prénom d’un éléphant, héro d’un dessin animé qu’elle affectionne beaucoup en ce moment.
Tout être, qu’il soit virtuel ou réel est au centre de l’intérêt de Minipuce. A tout instant, elle a besoin de repositionner son univers, de remettre les gens qui l’entourent à leur place.
De la même manière, quand nous partons en voiture, avec ses grands-parents, oncle ou tante… que sais-je ?! Mademoiselle Minipuce a toujours besoin de vérifier que tout le monde a bien pris place dans le véhicule, procédant régulièrement à un appel : « elle est où maman ? Ah est y’est là… il est où papa ? Y est là… elle est où tatie…… » et la panique s’empare de son regard si elle ne peut s’assurer de la présence d’un adulte de son entourage…
Minipuce passe ses journées à faire l’inventaire de ces personnes qui gravitent autour d’elle. S’interrogeant souvent sur le lieu où se trouve ses grands-parents ou encore le chien de mes parents… Les chats de la maison font également partie de ses préoccupations.
Face à son insistance du moment, j’avoue m’interroger quelque peu. Pourquoi ressent-elle toujours ce besoin de recenser son petit monde ? Pourquoi a-t-elle besoin à ce point de savoir où se trouve les gens ?
Est-ce pour elle une façon de se rassurer ? Ou a t-elle simplement besoin de rendre plus concrète l’existence d’une personne qu’elle n’a pas dans son champs de vision direct ? Pourquoi avoir besoin de localiser les gens, le animaux et les personnages virtuels de son existence en permanence ?
Et si elle développait une peur de perdre une personne de son entourage ?
Je ne peux m’empêcher d’apparenter sa réaction à une certaine peur.
Cela m’a poussé à m’intéresser un peu à la peur chez l’enfant de 2 ans. Mes recherches ne m’ont pas permis d’aboutir à une réponse propre au cas rencontré avec Minipuce. Il m’a permis cependant de trouver des réponses à une approche générale de la peur chez l’enfant de son âge.
Il semblerait que les peurs des tout-petits soient liés aux parents. En effet, au même titre que les parents montreraient le bon ou le mauvais exemple, ils serviraient également de modèle ou d’inspiration dans le domaine de la peur.
Ainsi, une maman qui montrerait à son enfant sa peur des araignées risquerait tout bonnement de transmettre sa peur à sa progéniture. Si maman a peur de la « bêbête », c’est qu’elle est à craindre (ben ouais !).
Ce concept me laisse pensive et me pousse à me poser des questions… sur moi-même. Et si c’était moi qui lui communiquais la peur qu’elle ressent à ne pas savoir où sont les gens ? Je lui montre peut-être l’image d’une personne toujours à la recherche du regard ou de la présence de l’autre ? Où son comportement n’est-il pas simplement le reflet de l’angoisse permanente que je porte en moi ? Parce que angoissée je suis, avec ou sans raison… oui… « Boule de nerfs » est mon deuxième prénom…
Mais une autre piste m’éloigne de cette hypothèse (ou pas…). Imaginons qu’il s’agisse de ce que l’on nomme « l’angoisse de séparation ». Minipuce, au fil des derniers mois, a lié beaucoup de liens : avec nous, ses parents, plus particulièrement puisque nous partageons son quotidien… mais avec d’autres personnes également comme ses grands-parents, oncles et tantes, parrain, marraine, amis, copines de crèches, assistantes maternelles… et j’en oublie sans doute. Un attachement particulier semble s’être créé avec toutes ces personnes. On voit dans son comportement qu’elle leur accorde un amour tout particulier. Elle aime leur compagnie, elle aime les voir, leur parler, cherche toujours leur regard et leur présence (peut-être comme tout autre enfant de son âge… mais je n’ai aucun élément de comparaison pour en faire état)… Alors, peut-être, l’idée d’être loin d’eux, séparés d’eux, peut être difficile à appréhender pour elle qui aimerait toujours voir tout le monde réunit. Parce que Minipuce porte ça en elle : ce besoin d’avoir toujours autour d’elle un petit monde en gravitation. Elle me paraît vouloir, par moment, être le noyau d’un ensemble composé de personne, un noyau qui a besoin de tous les autres éléments (que nous sommes) pour pouvoir vivre. Au delà d’un besoin égoïste de regard vers elle, son besoin des autres semble vital.
Je ne sais pas si mes analyses sont justes. Je n’ai pas la prétention d’être assez psychologue pour élaborer une conclusion précise. Cependant, je crois ne pas être totalement dans le faux. Ces hypothèses se mêlent sans dou
te entre elles… peut-être en existe-t-il d’autres que l’on pourrait très bien lier aux miennes…
Et chez vous, avez-vous déjà été confrontés à un enfant qui avait toujours besoin de rassembler son monde, de savoir où se trouve les personnes qui font partie de sa vie ?
2 comments
je tassure ici aussi et parfois j’en ai marre mais finalement je prefere les il est où au futur pourquoi… et tout le monde y passe la nounou le chien de la nounou son pere, sa pouf (non copine)
les papis, les mamies, moi, le papa d’amour, le grand aussi…
Je ne pense pas que ça soit essentiellement de la peur, mais plutôt que c’est lié à son développement psychique.
Tout mini, le bébé pense que ce qu’il ne voit pas n’existe pas. Tu mets une boite devant le doudou pour le cacher, le doudou n’existe plus, disparu. Plus tard, le petit bout prend conscience
qu’en fait le doudou n’a pas disparu, mais il est caché derrière la boite, ou dedans, et ta puce va immédiatement le vérifier. Peut-être débute-t-elle une phase où au lieu de voir la boite qui
cache le doudou, elle crée une image mentale du doudou derrière la boite, et sans vérifier visuellement, savoir où est le doudou suffit à la rassurer sur le fait qu’il n’a pas disparu, qu’il est
toujours là, près à servir.
Je ne crois pas que ça soit lié forcément à une peur, mais plutôt à sa découverte qu’elle peut imaginer les choses sans avoir besoin de les voir. Bien sûr, si le doudou est « à la poubelle » plutôt
que « derrière la boîte », elle peut très bien avoir déjà conscience qu’elle ne le verra plus du tout dans le premier cas alors qu’il reste disponible pour les calins dans le second. Alors en
effet, une légère appréhension, une crainte, une peur d’abandon et des larmes comme celles qu’elle verse quand tu quitte la maison en la laissant avec papa et qu’elle croit que tu ne reviendras
pas… oui, elle peut avoir un peu peur. Mais je penche plutôt pour de l’insistance d’un enfant qui veut encore et encore s’amuser avec ses nouvelles capacités intellectuelles, ici l’imagination
de ce qui est ailleurs.