J’ai croisé cette photo sur facebook…. Cette photo que j’avais posté 5 ans plus tôt sur Instagram… la photo d’une porte… quoi de plus banal qu’une porte ? Cette porte, je n’ai plus l’occasion de la voir, ni même de la toucher. Je ne sais même plus quand fut la dernière fois que je l’ai passée cette porte. Derrière, rien de bien folichon vous savez : une meule à grain qui avait pour seul rôle de moudre le grain qu’on lui donnait. Mon père en remplissait ensuite des brouettes qu’il tirait péniblement jusqu’aux étables. Là bas, les vaches l’attendaient avec impatience, qu’il fasse -5 ou 10 dehors. Mon père ne se plaignait jamais et tirait sa lourde brouette. Aujourd’hui, il est à la retraite, une retraite qu’il a largement méritée tant il a (vraiment) travaillé tout au long de sa vie… une retraite hyper mal payée. Mais là est un autre sujet.
Revenons plutôt à cette porte… La photo de cette porte qui a fait remonter des tas de souvenirs mais surtout celui de cette ferme dans laquelle j’ai vécu près de 20 ans.
Dans la #ferme de mes parents… #porte
Une publication partagée par Evelyne’s family life (@untibebe) le
A l’époque, on habitait Marcigny-sous-Thil, un tout petit village de Côte-d’or (Bourgogne) d’une cinquantaine d’habitants.
En fait, je ne sais s’il est plus peuplé aujourd’hui… je sais seulement qu’à l’époque, on en connaissait tous les habitants. C’était familier… les gens se croisaient, les gens se parlaient. Peut-être y avait-il de l’hypocrisie, de la méchanceté bien planquée derrière leur gentillesse apparente… je ne sais… mais oui, on connaissait tout le monde, on parlait avec tout le monde… Marcigny-sous-Thil…
Ma vie là-bas y était toute autre.
Plus naïve, plus confiante en l’avenir, moins méfiante envers ceux qui m’entouraient, j’étais heureuse… J’avais des rêves.
Selon mes plans, j’allais trouver l’homme de ma vie, l’aimer à la folie… et puis, après forcément, il m’aurait demandée en mariage. Bien évidemment, j’aurais dit oui. J’aurais eu la plus belle robe qui soit le jour J et, quelques mois plus tard, j’aurais appris que j’attendais un enfant. Entre temps, on aurait adopté un chien et même un chat peut-être. On aurait acheté une maison et aménagé la chambre de bébé. Plus tard, on aurait eu un second enfant… et, bien sûr on aurait vécu comme ça, très longtemps… Ouais, à l’époque c’était si simple…
Depuis, j’ai appris, j’ai compris.
Et oui, la vie ne suit pas un plan. Elle est rarement très douce. Elle nous offre des épreuves et, avec le temps, on en tire des leçons. Plus tard, on y repense… nos expériences nous forgent, elles modèlent notre être, elles font ce que nous sommes aujourd’hui. On souffre, on pleure, on se relève et on réalise. Plus fort que jamais, on affronte les épreuves… Ouais, on avance…
Parfois, je regarde en arrière…
Alors, je repense à cette douce époque. Un sourire en coin, je me rends compte à tel point « la petite Evelyne » ne savait rien. Elle m’attendrit et, en même temps, elle me fait un peu pitié. J’aurais aimé la prévenir, j’aurais voulu lui dire… La vie n’est pas un conte de fée…
Dans l(m)a vraie vie, les gens t’ignorent, ne te voient sans doute même pas…
Ici, les gens ne te parlent pas et, de toute façon, ils ne pensent très souvent qu’à eux-même. Certains balancent des mégots par la fenêtre de leur cuisine sans se demander où ils tombent… Moi, vous savez, je peux vous le dire… Ils tombent sur mon balcon les mégots… Il y en a aussi qui balancent des serviettes hygiéniques usagées ou des lames de rasoirs (mais, pourquoi ?????!) par leur fenêtre sans se demander où ils tombent. Je vous laisse deviner qui les récupère…
Ah oui… et il y a ceux qui laissent leurs bouteilles de verre juste à côté du réceptacle à verre.. Et oui, c’est tellement dur de jeter une bouteille dedans !… En même temps, je peux comprendre, c’est tellement difficile de viser le trou quand on est saoul !
Dans ma vie, voilà, il a y des voisins qui disent à peine bonjour, il y a des livreurs qui ouvrent les colis, fouillent dedans et les posent dans la boite aux lettres de destination sans prendre la peine de les refermer…
Il y a aussi des gens qui posent n’importe quoi sur les trottoirs en se disant « bon débarras » et d’autres qui fouillent les containers de collectes de vêtements. Sans respect, ces derniers balancent au sol tout ce qui n’a pas d »intérêt à leurs yeux… des vêtements qui ont été posés là pour les offrir aux plus démunis, méticuleusement rangés dans des sacs… Les vêtements, entassés, prennent la pluie, les pipis de chien et finissent à la poubelle…
Par conséquent, les poubelles jaunes sont remplies de détritus destinées aux poubelles vertes. Et les sacs poubelles se font égorgées dans la rue, se font vider sur les trottoirs, ne laissant que détritus… Il y aura bien quelqu’un pour ramasser cette merde, non ? Après tout, pourquoi s’en faire ?
Bien sûr, je vous parle à peine de ces nuits blanches… des hurlements, des cris de joie, de la musique qui pulse… du bonheur (des autres) à porter d’oreilles… à 2, 3, 4 heures du mat’… sans un mot dans l’ascenseur… de cette envie d’exploser leur porte et de leur dire votre façon de penser…
Le monde a changé…
Oui, MON monde a changé ! Il faut se rendre à l’évidence, le monde dans lequel je vis aujourd’hui semble s’être transformé… Il n’a rien à voir avec la représentation que je me suis faite de lui. Je découvre aujourd’hui, sans doute tardivement (ouais, à 37 ans, il serait sans doute temps !) qu’il est vraiment pourri. Rempli d’irrespect et de méchanceté… de « rien à foutre » et de « les autres n’ont qu’à se démerder et faire avec »… Et moi, franchement, je déteste ça… J’ai même ENORMEMENT de mal à l’accepter, vous voyez ? Je ne comprends pas les gens, je ne comprends plus leur manière d’être. ouais, je ne pige pas cette façon irrespectueuse d’agir… Moi, je ne vous ai cité que quelques détails mais j’en croise tellement chaque jour !
Alors, oui, peut-être qu’à Paris, il y a une sorte de « concentré de tout ça » et que pour mon esprit d’ex-campagnarde c’est trop de chez trop… mais tout ça, aujourd’hui, vous savez quoi ? ça nourrit chez moi une haine contre les autres, contre ces irrespectueux, contre « les gens ». Avec le temps, je deviens de moins en moins indulgente… Je deviens amère envers l’Homme…
6 comments
Je suis plutôt d’accord avec toi ! Cette impression que tout le monde se centre sur lui-même et ignore tout ce qui l’entoure doit être exacerbé par Paris, mais est malheureusement assez général ! Et il est difficile de changer tout ça…
Virginie
C’est la société qui évolue… L’Homme devient plus individualiste il faut croire.
J’habite en Savoie dans une petite ville. J’ai 2 enfants et j’ai eu un choc lors de la 1ère année scolaire de ma grande Noelly il y a 5 ans. Devant l’école, personne ne se disait bonjour, on baissait les yeux pour ne pas croiser de regards. J’ai déchanté, j’ai été terriblement déçue, j’ai vite perdu mon air enjoué. Finalement j’ai réussi à nouer des contacts grâce aux fêtes d’anniversaire…. Et pour mon 2ème Aleksi, l’année dernière ce même sentiment qu’il est difficile d’avoir des échanges physiques avec les gens.
Tout le monde se vante d’avoir plein d’amis sur FB et passe sont temps sur les réseaux sociaux. Mais où est passée la vie réelle ?
Doriane
Tout est malheureusement dans le paraitre et peu dans les actions
Moi j’habite a la campagne dans la loire un village de moins de 2000 habitants et je m’y trouve tres bien les gens sont bien veillants c’est un plaisir de voire qu’une grande majorité des personnes disent bonjour et surtout sont souriants. Le changement avec les grandes villes est impressionnant ici je trouve qu’il fait bon vivre dans ma campagne.
J’ai beaucoup apprécié vivre à Paris. Aujourd’hui j’ai envie de retrouver mes racines et, surtout, un peu plus d’authenticité.