1958 – Gare de Limoges
Une famille attend le train qui doit lui permettre de rejoindre l’Espagne où elle n’espérait pas avoir à revenir. Le père avait obtenu l’autorisation de séjourner en France le temps de trouver du travail. Ce temps s’était écoulé et aucune offre d’emploi ne lui avait été offerte. Il ne lui restait plus qu’à reprendre le chemin de Valence, en Espagne, avec sa femme et ses enfants. Ils s’approchaient déjà tous du train quand un agent diffusa un message dans toute la gare. Une voix résonnait dans l’immense bâtiment, au milieu de la foule : le père était convoqué à l’accueil de la gare, un emploi venait de lui être offert.
La famille courait dans la gare pour rejoindre cet accueil qui, pour l’heure, avait pris des airs d’Eldorado. Une petite fille suivait ses parents tant bien que mal, le cœur battant, consciente de ce qu’elle vivait : elle visualisait la promesse d’un nouveau départ.
Cette petite fille c’était ma maman, elle avait 2 ans. C’est son plus vieux souvenir.
1985 – Un village aux alentours de Dijon
Une femme passe le balai. Caché sous son pull rose à motif jacquard, son ventre rond témoigne de l’arrivée d’un heureux événement.
Une petite fille l’observe avec une certaine impatience et lui demande « maman, quand est-ce qu’il va arriver le bébé ? » avant de l’interroger sur le prénom qui lui sera donné. Toujours aussi impatiente, elle considère les réponses l’air pensif. Ce bébé, elle voudrait le découvrir maintenant !
Le temps passe. Un matin, elle se réveille avec l’idée de raconter son dernier rêve à ses parents. Mais ils sont absents. Sa grand-mère est là et lui explique que ses parents sont à la maternité. La douleur a alors empli son cœur, des larmes chaudes se sont mises à couler sur ses jours tandis qu’elle se postait derrière la fenêtre de sa chambre, scrutant la route, espérant voir la voiture de ses parents apparaître.
Le radiateur placé sous la fenêtre réchauffait son ventre et ses petites mains tandis que son front posé sur la vitre froide de la fenêtre soutenait sa tête devenue trop lourde pour supporter sa douleur.
Sa mère a abrégé son séjour à la maternité pour la retrouver. Le bébé tant attendu était là lui aussi : son petit frère… mon petit frère…
J’avais 5 ans et ce sont mes plus vœux souvenirs.
Un portefeuille de souvenirs se construit jour après jour pour chacun de nous, au rythme de notre quotidien.
Si je ne me trompe pas, on ne se souviens que de ce qui nous marque, de ces événements importants de nos vies qui ont un impact sur notre quotidien et sur nos émotions.
Cela signifie-t-il donc que notre premier souvenir n’est issu que d’un événement marquant comme celui de ma mère à 2 ans ou de moi-même à 5 ans ? Tout ce que nous vivons au quotidien et qui ne nous marque pas est-il passé aux oubliettes des souvenirs conscients, les abandonnant à l’inconscient qui se charge d’archiver tout ce qui ne nous semble pas suffisamment mémorable ?
Est-ce que cela signifie aussi que si l’on ne vit rien de notable pendant des années, la date de nos premiers souvenirs en est forcément reculée ?
Qu’en pensez-vous ?
Et quels sont vos plus anciens souvenirs (à quel âge) ?
7 comments
mes plus anciens souvenir viennent quand je regarde une photo et j’arrive a me rappelé le contexte de la photo. et sinon de mon enfance me rappelle quem on pere tapé ma mere que ca gueulé
souvent… donc oui je pense quon se rappelle quand on est gosse des chose marquante mais pas que les meilleurs…
Mes premiers souvenirs datent de mes 3ans et demi-4ans, et sont toujours liés à des sentiments forts.
Scientifiquement ceal s’explique par le fait qu’une partie du cerveau responsable de la création de souvenirs (l’hippocampe) est immature à notre naissance et devient suffisamment mature vers
3-4ans.
Tous souvenirs antérieurs ont été crée par l’entourage qui leur a décrit à plusieurs reprises un événement que la personne avait vécu quand elle était plus jeune.
Tu es Bourguignonne et presque Dijonnaise et je ne le savais pas!!! On a beaucoup de points en commun. 😉
Mon plus vieux souvenir remonte à mes 25 mois : je suis tombée très très malade à cause d’un médicament et je me souviens de ma souffrance, mais aussi de toute ma famille qui s’est relayée à
l’hôpital du Parc à Dijon. Curieusement c’est resté un bon souvenir (pas pour mes parents)
Justement pour moi les premiers souvenirs ce sont des bribes… Des moments par ci par là, des flashs, des images, l’entrée en maternelle, les siestes quand ma mère ne travaillait pas, mes
maitresses de moyenne et grande section, la chambre de mon petit frère… Je pense que mon premier souvenir remonte à 2-3 ans. Notre façon de nous rappeler les évènements varie d une personne à
l’autre 🙂
mon plus vieux souvenir date de ma rentrée a la maternelle, j’avais 2 ans et une petite fille aux long cheveux chatins et au nez retroussé nommée jessica m’a mordu violemment parce qu’elle avait
décrété que le porte manteau ou j’avais accrocher mon imperméable rouge été a elle! j’ai pleuré et gardé la marque de la morsure 4 jours!
C’est une super question que tu poses ! En tant que parent c’est fou ce que tu as l’impression de vivre pendant les premiers mois de vie du bébé alors qu’en fait les enfants n’en ont pas de
souvenirs… En témoignent les enfants adoptés tôt !
Le mien remonte à la maternelle, 4 ou 5 ans ? un vague souvenir d’une sélection que j’avais du réussir pour danser avec des
foulards à la taille!! je crois! . Puis vers 6 ans là beaucoup plus net j ai fait tomber un papie que j aimais beaucoup en m’accrochant à son cou pour l embrasser, et je m étais sauvée de peur
Bizarre la mémoire !