Quand on décide de consulter un psy son réflexe est bien souvent le même… il va se mettre à farfouiller dans notre passé à la recherche de toutes ces choses qui nous ont marquées et qui ont fait ce que nous sommes aujourd'hui.
Autant dire que notre passé d'enfant nous a forgé, nous, adultes. Voilà qui laisse à penser que ce que nous faisons vivre aujourd'hui à nos enfants va potentiellement laisser des marques et avoir des conséquences sur leur avenir. Quel héritage laissons-nous à nos enfants ?
En consultant mon propre psy, j'ai réalisé à quel point mon enfance avait influencée ma façon d'être, ma façon d'agir au quotidien. Je suis craintive, je suis angoissé, je suis nerveuse, j'ai du mal à relativiser. Ce sont des héritages de mon passé. Ce sont des conséquences de ce que j'ai pu vivre à la maison quand j'étais petite. J'ai eu une enfance heureuse cependant, mais le comportement de mes parents, leur façon d'être aussi, ont eu, sans qu'ils n'en aient conscience, une influence prépondérante sur ma façon d'être une fois adulte. Cela peut bien évidemment, concerner aussi bien des choses positives que des choses négatives. Parce que notre héritage parental est fait d'un pack complet d'émotions, de schémas et d'autres héritages encore qui viennent d'un autre passé que nous n'avons pas forcément connu.
Moi même, je vais transmettre à mes filles une partie de moi, une partie de mon héritage aussi, elles prendront également une partie de leur papa, une partie de son héritage également et à tout cela s'ajoutera un dernier ingrédient : une partie qui leur est propre et qui fera la particularité de leur personne.
Parfois, l'héritage que je m'apprête à leur transmettre, et que je leur transmets déjà un peu, me fait peur. Je ne suis pas une criminelle, mais pour autant la nervosité que je ressens au quotidien, ce stress que je leur communique certainement sans le vouloir, cette angoisse de ne pas être à la hauteur, cette peur de ne pas réussir à affronter une épreuve, sont autant de choses que je souhaiterais ne pas leur communiquer. C'est sans doute peine perdue. Même si je fais beaucoup d'efforts pour changer, pour moins angoisser, je ne peux m'empêcher d'exprimer cette nervosité et de, parfois, laisser transparaître mes angoisses.
Alors, pour contrer tout ça, je fais au mieux et je joue un peu un rôle. Je me fait passer pour celle que je ne suis pas quand, par exemple, j'ai peur. Je veille à ne pas communiquer ma peur, pour ne pas les effrayer, pour les rendre peut-être un peu plus courageuses que ce que je ne suis aujourd'hui. Pour qu'elle soient, quelque part, une version améliorée de ma personne, voilà… des "minis moi" améliorés et bien différents de moi !
Mais au fond, je sais bien que j'aurais beau avoir conscience de tout cela, je ne pourrai empêcher la transmission de cet héritage émotionnel et psychologique… que je n'ai pas forcément envie de leur donner. Il y en aura forcément des traces.
Et vous, craignez-vous de transmettre un héritage émotionnel à vous enfants ou cela ne vous fait-il pas peur ?
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3 comments
Je suis tout à fait d’accord avec ton article et je ne comprends pas pourquoi plus de parents ne se remettent pas en question. Je paie le prix de mon enfance difficile, je reste persuadée que j’aurais dû consulter étant plus jeune pour m’aider à traverser les épreuves auxquelles j’ai fait face… Alors, comme toi, j’essaie de ne pas transmettre mes mauvaises habitudes à ma fille et j’espère y arriver.
La transmission de cet héritage émotionnel était encore plus fort que la peur. Au point de ne pas vouloir d’enfant pour ne rien transmettre. Et puis 4 ans de thérapie sont passés par là, et puis j’ai eu un enfant et puis je suis retournée chez la psy, j’ai arrêté, j’y suis retournée car ce sujet n’est pas simple. Comme toi je me demande ce que j’imprime chez mon enfant, ce qu’il lui restera de tout ça, quel adulte il deviendra par rapport à cet héritage. Je me demande mais je n’ai plus peur. Il fera avec ce qu’il a reçu (et pas reçu) et j’espère toujours pouvoir me (et lui) dire que j’ai fait de mon mieux, avec ce que j’avais et comme je pouvais
Je pense qu’on se pose tous cette question, homme et femme, et moi je la pose aussi à mon mec, alors que le bébé est encore un projet, chez nous. Je sais que mon héritage émotionnel ne va pas me trahir, parce que j’ai lutté contre, seule, et que j’ai réussi à obtenir une vision objective de ce miroir déformé. Les erreurs, je le sais, je ne les ferai pas. Je me fais confiance, et surtout, je fais confiance à l’homme qui partage ma vie. J’ai lu récemment un article, qui disait « arrêtez d’en vouloir à votre mère, elle a fait ce qu’elle a fait, pardonnez-lui, et faites VOTRE vie ». Je crois que c’est ce à quoi ressemble ma philosophie. Il n’y a pas de mère parfaite, pas d’éducation parfaite, pas d’enfant parfait. Le parent est un être humain, sans cesse perfectible. Alors faire de notre mieux, c’est ce à quoi chaque parent aspire, et l’enfant fait avec cela 🙂 Il ne faut pas sous-estimer la force d’un enfant…