Avant, je savais pas… Je ne savais pas comment m’y prendre, comment faire, comment agir ni même comment m’adresser à eux… J’étais particulièrement godiche même… Je me sentais bête, pas à ma place… Et quand j’osais ouvrir la bouche, ça sonnait faux. Bref, ce n’était pas mon truc…
Aujourd’hui, je sais…
Avant, je savais que je voulais être maman… Il fallait se rendre à l’évidence, un beau jour, j’allais devoir affronter ce que j’estimais être un malaise. Avant, je ne savais pas parler aux enfants. Je ne savais pas comment faire, quoi leur dire, comment m’adresser à eux. J’étais incapable de me mettre à leur hauteur.
Il y avait comme un décalage. Je me sentais hypocrite si je devais leur parler… Et puis j’avais cette sensation étrange : l’impression d’être un imposteur, de mentir, de ne pas être moi-même. Alors, quand j’essayais malgré tout, contrainte et forcée, je me sentais gauche et ridicule. Ma voix semblait dérailler, détonner.
Et puis, un jour, je suis devenue maman.
Au début, j’avoue, je ne savais pas parler à mon bébé. Dès la maternité déjà, j’étais bloquée… Tandis que je changeais ma fille en silence, une femme de ménage, qui nettoyait ma chambre, m’a lancé : « il faut lui parler à votre bébé ». Ça m’a marqué… Parce que, voyez-vous, j’en étais incapable !
Je ne savais pas quoi lui dire à mon bébé ! Pour tout dire, je me sentais, encore une fois, ridicule, pas moi-même, hypocrite, fausse… Et puis, j’ai essayé. Je me sentais cloche… Et puis j’ai compris… Mon bébé n’avait que quelques heures, quelques jours tout au plus, mais elle me comprenait. Ma fille était déjà capable de ressentir mes émotions, à comprendre quand tout allait bien, à comprendre que je m’occupais d’elle.
Et c’est sans doute là que j’ai commencé à parler à un enfant sans me sentir bête ou ridicule…
Au fond, je crois que je n’avais pas compris que cet acte banal ne me donnait pas l’air bête… La seule qui me rendait bête dans cette situation, c’était moi-même. Je n’avais pas saisi une chose pourtant si simple : nos enfants, aussi jeunes qu’ils soient, sont des êtres humains à part entière. Ils sont doués d’intelligence et ressentent les émotions qui les entourent.
On peut leur parler normalement, sans gazouiller, comme on parlerait à un adulte… Voilà, j’ai juste mis du temps à le comprendre…
Aujourd’hui, tandis que j’évitais, autrefois, de m’adresser à un enfant, je ne ressens plus tout ça… et je suis capable de parler à un enfant, qu’il soit mien ou non, à un être humain à part entière ! Pourquoi ne l’ai-je pas compris plus tôt ?